Press
Réparer ses vêtements : hier signe de pauvreté, demain "marque de conscience écologique et de créativité"
"Achetez moins, choisissez bien, faites que ça dure" martèle la créatrice britannique Vivienne Westwood, pionnière de la mode durable. Face aux 200 tonnes de déchets textiles produits chaque année en France par l'industrie de la mode, il est primordial de trouver des alternatives.
Consommer un très beau produit que je fais réparer quand nécessaire
Véronique Zucca
Suite à la disparition de certains savoir-faire spécifiques depuis quelques années, trouver le professionnel adéquat peut s'avérer parfois difficile. Pour Véronique Zucca, co-fondatrice de l'agence Kartel Production, qui possède une collection de beaux cachemires auxquels elle tient tout particulièrement, dénicher une remailleuse a été complexe.
La jeune femme préfère être dans une logique de consommer un très beau produit que 'je fais réparer quand nécessaire" plutôt que dans "une consommation de produits jetables, remplaçables au moindre accroc". "J'ai eu le malheur d'avoir des mites et comme il n'était pas question de jeter mes pulls alors qu'on peut les réparer, j'ai cherché une solution". Un vrai parcours du combattant quand elle s'est aperçue que l'atelier de stoppage/remaillage qu'elle connaissait avait disparu: "J'ai fait de nombreuses recherches sur internet, consulté des forums - sur lesquels je repérais des adresses, trop anciennes car les gens avaient pris leur retraite. J'ai alors réalisé qu'il n'y a plus nécessairement la transmission de ce savoir-faire".
La couture autrefois était enseignée à l'école. "Pourtant on constate que ce besoin revient à fond" ajoute-t-elle. C'est sur Instagram qu'elle a trouvé son bonheur : "C'est une Japonaise formée chez Tricot Saint-James, qui fait du stoppage remaillage. C'est un savoir-faire rare qui a disparu car à l'époque du 'acheté-jeté' les gens ne faisaient plus appel à ce service car c'était un savoir qui était, hier encore, assez cher".
Instagram @semodaknitwear
Je me demandais souvent, comment pourrait on faire?
Avant d'arriver chez un client, l'article doit passer par beaucoup d’étape importante à sa création ce qui accentue le sentiment de gâchis.
Je suis maintenant heureuse d'utiliser mon savoir faire au service de clients désireux de vouloir sauver leur vêtement qui ont souvent une valeur sentimental. C'est un grand plaisir.
Mes services vous sont suggérés par mes amis et proches, travaillant dans le textile, styliste maille, modéliste, créatrice, artiste, programmeur ,tricoteuse ,acheteuse, spécialiste dans les vêtements vintage.
Un grand merci à @paris_saisai pour cette belle rencontre avec @moujikparis qui a écrit ce très beau texte!
Parfois je me retrouve à réparer des articles de luxe d'il y a des dizaines d'année, fabriqués en région parisienne par des tricoteurs arméniens, ces mêmes familles de tricoteurs dont mon mari est issu, tricoteur lui aussi!
#Repost @moujikparis
Il y a deux mois, j’avais l’immense chance de chiner un grand stock de mailles venu d’un atelier de confection des Hauts-de-Seine. Saint Laurent, Jean Patou, Jean Halm et d’autres illustres maisons y ont fait tricoter leurs vêtements et accessoires dans les années 1970.
Demain et dimanche, j’aurai la joie de vous présenter une nouvelle sélection de pièces venues de ce stock. Cette seconde vente a été rendue possible suite à la rencontre de Momoko Honda Semerdjian (@semodaknitwear) qui m’a été présentée par @paris_saisai. Momoko est remailleuse elle sauve les vêtements de maille. Une partie du stock avait été abimé, je l’ai donc confié aux doigts experts de Momoko qui, grâce à un savoir faire époustouflant, a fait rennaître ces vêtements. Ses réparations sont invisibles sur l’endroit, sur l’envers elle a l’élégance de laisser sciemment une légère marque de son intervention, qui participe désormais à l’histoire du vêtement.
Photographie par Lara Ayvazoglu @photographylara19